Type de matière
Fibre naturelle
Origine géographique
France, Belgique, Pays-Bas pour 80%
Terre
+ Très peu irrigué, utilisation de pesticides assez restreinte
- Utilisation d’engrais, pollution des eaux
Emplois
+ Une fibre cultivée à 80% en Europe
- Filature souvent réalisée en Chine
Clients
Des fibres thermorégulatrices et solides
Quel type de lin privilégier ?
Le lin Européen et bio.
La production globale de fibres de lin en 2019 est estimée à environ 900.000 tonnes, soit moins d’1% des fibres textiles consommées dans le monde. Principalement produit en Europe dans des conditions justes de travail, le lin est aussi la fibre naturelle la plus écologique ! Environ 0,5% du lin cultivé en Europe est certifié biologique.
Histoire naturelle et géographie du lin
La plus ancienne fibre au monde
Cette herbacée est la plus ancienne fibre au monde - les premiers tissus retrouvés datant de -36.000 ans avant J.C. étaient en lin et on le retrouve dans les hiéroglyphes égyptiens. L’expertise autour du lin en Europe se transmet depuis le Moyen-âge. Tout était déjà utilisé dans la plante : en plus de ses fibres, ses graines servaient à faire de l’huile.
Le lin textile est produit majoritairement en Europe
Environ 80% du lin textile est cultivé en France, qui en est le premier producteur, en Belgique et aux Pays-Bas. Les autres pays producteurs de fibres de lin sont la Biélorussie, la Russie, l'Ukraine et la Chine. Contrairement au coton, c’est donc une fibre naturelle et locale qui permet de produire des pièces 100% européennes comme les chemises Histon (Histon Project).
Des savoir-faire précieux
Les fibres du lin sont contenues dans l’enveloppe externe de la tige.
- Pendant le teillage, on extrait la fibre et on la débarrasse du bois présent dans la tige.
- Le teillage peut être facilité par une étape de rouissage, lors de laquelle des micro-organismes attaquent le bois pour libérer plus facilement les fibres.
- La fibre est ensuite travaillée dans l’étape appelée le peignage : elle est parallélisée, calibrée et étirée sous forme de rubans doux et lustrés prêts à être filés. Ces étapes sont techniques et la transmission des savoir-faire se fait de génération en génération.
- Filature : La filature comprend différentes opérations qui permettent de transformer les fibres en fil. Régularisé et étiré, le ruban devient mèche et est ensuite filé en appliquant une torsion. Les techniques varient selon le type de fil à produire : pour l’habillement, le linge de maison, ou bien la décoration et les cordages.
Environnement : la fibre naturelle la plus écologique
Une culture demandant peu d’eau et de pesticides
- Une consommation faible en eau : la plupart du lin produit en Europe ne nécessite pas du tout d’irrigation. Il est en effet cultivé dans des régions bien humides et possède un système racinaire développé permettant d’aller chercher l’eau en profondeur. Dans d’autres pays comme en Inde, l’irrigation du lin est très faible par rapport à celle du coton : 900L contre 3.000L par kg de fibre.
- Moins de pesticides que pour le coton : on utilise environ 5 fois moins de pesticides pour le lin que le coton. De plus, les réglementations liées au pesticides sont strictes en Europe.
- Pas d’OGM : la production d’OGM est interdite ou restreinte dans les pays où est produit le lin.
- Rotation de culture : le lin a la particularité d’être une culture raisonnée; il se se cultive en alternance avec des céréales tous les 6 à 7 ans, ce qui permet de respecter et restaurer la qualité des sols
Mais il peut avoir des impacts sur les changements climatiques et la biodiversité non négligeables :
- Contribution aux changements climatiques : la production d’1kg de fil de lin émet 17kg d'éq CO2, ce qui est similaire au coton.
- Eutrophisation(1) : tout comme pour le coton, les engrais utilisés peuvent aller en partie dans les eaux et affecter les biodiversité des milieux. L’impact est cependant moins important que pour le coton (cf. notre tableau des émissions plus bas).
Social : des savoirs-faires européens précieux
La culture et le teillage réalisés en Europe
En plus de limiter les transports, la production européenne du lin permet de préserver certaines conditions sociales. En effet, les réglementations européennes et françaises assurent des conditions de travail décentes pour les employés. Avoir des producteurs proches permet également d’effectuer des contrôles plus facilement sur les conditions de culture mais surtout de créer du lien entre les différents acteurs de la filière textile. Dans toutes les étapes de la transformation de la fibre, l’intervention de l’homme, en plus des machines, est nécessaire, ce qui a pour conséquence directe de créer de l’emploi.
Un savoir-faire européen qui se perd pour la filature
L’étape de la filature est souvent réalisée en Chine. Seuls quelques acteurs européens filent encore le lin en Europe. La France, qui est pourtant le premier producteur de lin textile au monde, avait complètement perdu ses filatures et la relance actuellement avec le projet porté par la start-up Natup qui devrait rouvrir une filature en 2021 en Normandie. Le label Master of Linen assure que toutes les étapes de la production, y compris la filature, ont été réalisées en Europe. Les impacts sociaux de cette étape dépendent donc du pays de filature et de la traçabilité des actions qui y est permise.
Une fibre avec des avantages intéressants et souvent méconnus du client
Le lin n’est pas nécessairement froissé, il peut être tricoté. On a souvent une image froissée du lin tissé. Or le lin peut également être tricoté en maille, comme le fait par exemple la marque Kipluzet. D’autre part, le lin tissé peut être “lavé à la pierre”, ou “stone washed”, ce qui diminue le froissage du tissu.Le lin dure dans le temps : les fibres sont résistantes et souples et les tissus ne se déforment pas ni ne peluchent. Les filières européennes ont développé une bonne maîtrise de la qualité de cette fibre. De manière générale, la qualité du tissu est d’autant plus importante que la fibre est longue. La fibre de lin mesure de 25 à 120 cm contre 1 à 5 cm pour le coton.
Le lin est une matière thermorégulatrice, permettant d’être au frais en été : le lin est une fibre très intéressante car elle est résistante et thermorégulatrice. La performance du lin a été testée en laboratoire et les tests réalisés le place devant le coton et la viscose. Il permet une meilleure ventilation, une perméabilité qui laisse passer l’eau et une absorption puis le transfert de l’humidité. Il est également plus chaud que le coton et la viscose, mais moins que la laine.
Quelques exemples inspirants
Terre de Lin : un bel exemple de coopérative engagée
Terre de Lin est une coopérative basée en Haute-Normandie réunissant 600 agriculteurs. Elle est spécialisée dans la culture et la transformation du lin textile de la semence à la fibre. La coopérative représente 15% de la production mondiale de lin. Elle est l’acteur majeur en amont de la filière lin textile, en s’occupant à la fois de la création variétale, de la production de semences, des transformations de fibres par teillage et peignage et de la valorisation des co-produits.
La coopérative s’engage à fournir une traçabilité du champ à la fibre. D’un point de vue environnemental, la coopérative développe des variétés résistantes aux maladies et réalise une partie de culture en production biologique. Le système coopératif présente aussi des avantages sociaux tels que la formation des coopérateurs, un droit de vote et de décision, le maintien de l’emploi local, etc.
Quelques marques inspirantes
- Kipluzet utilise du lin européen et réalise l'ensemble des étapes de fabrication de de A à Z en Europe.
- Histon Project : la chemise Gustave, labellisée Allegria par La Belle Empreinte est composée à 100% de lin biologique. Les étapes de filature, blanchiment et conception sont ensuite faites en Europe. Aucune teinture n’est réalisée. Toutes ces raisons font que La Belle Empreinte a décidé de labelliser Allegria ce produit comme “visionnaire” (La chemise Gustave).
Pour aller plus loin :
- Interview La Fédération de Lin
- Base Impact
- EcoInvent
- Preferred Fiber & Materials, Market Report 2020